René BENOIT “Parolier”
Qui, une fois, n’a pas rêvé de revenir
Au jour où l’on voit l’horizon se rembrunir
Au départ de sa vie, tournée vers l’avenir
Et qu’on pensait tous les jours nous appartenir
Alors, nous retournant on refait le chemin
Et l’on se dit qu’aujourd’hui est déjà demain
Sur lequel se déroule le rouleau de parchemin
Jusqu’au jour où l’on retrouve l’habit de gamin
Gentiment, on nous disait être des polissons
Quand nous volions à la rivière ses poissons
Remplissant nos grandes poches des fruits mûrs des buissons
À l’heure où dans les champs finissaient les moissons
Alors, à l’école allaient bon train les échanges
Des enfants sans scrupule échangeaient leur orange
Contre la dépouille d’une malheureuse mésange
C’était ce temps où rien ne semblait étrange
Puis vint celui béni des rencontres avec les filles
L’heure où dans les têtes toutes les idées vacillent
Alors qu’elles, innocentes, à la corde sautillent
Et que soudain, les robes laissent entrevoir les chevilles
Tandis que les garçons, leurs grands yeux s’écarquillent
Ils pensent qu’il est fini le temps des peccadilles
Même celui où ils allaient cueillir les jonquilles
Ils n’étaient plus garçons et elles petites filles
Chaque jour nouveau avec lui des surprises il apporte
Dans les cœurs y dépose des promesses en cohorte
Et les esprits sans cesse il échauffe et exhorte
C’est bien le temps de l’insouciance qu’il transporte
Mais le temps est ingrat et jaloux de ceux qui s’aiment
Chaque jour sur le chemin des obstacles il parsème
Comme l’ivraie se mélange au bon grain que l’homme sème
Pour rappeler que la vie n’est pas qu’un poème