René BENOIT “Parolier”
Ce matin en chemin m’a frôlé une hirondelle
Que suivait comme son ombre une bande de tourterelles
Et à leur suite une belle nuée de sauterelles
Mais où vont-ils tous ces animaux à tire-d’aile
Je n’avais pas fait cent pas que ce fut les singes
De branche en branche en famille vont les tamarins
Que précèdent loin devant une bande de capucins
Effrayant sur leur passage les gentils mandarins
Il est vrai que j’abordais les berges du marais
Mais je ne pensais pas qu’ils allaient l’accaparer
Car aux autres résidents de la place il faut céder
Toute la part des voisins on ne doit s’emparer
Mais je n’étais pas au bout de mes surprises
L’alizé sans façon envoya sa douce brise
Pour de la brume éviter qu’elle se sédentarise
Et des blessures de la nuit qu’elles se cautérisent
Déjà sur l’onde se formèrent les premières rides
Tandis que sur les berges vers l’eau les mères guident
Leurs petits capybaras toujours intrépides
Sous l’œil des aigrettes qui de leurs plumes les dérident
Sans effrayer le peuple ma fileuse je mets à l’eau
Respectant les grenouilles qui entament l’adagio
Rien n’est plus beau que ces matins équatoriaux
D’un film je pourrai écrire le scénario
J’hésitais bien avant d’empoigner ma guitare
Par crainte que l’on me juge un homme bien trop vantard
Me reprochant que j’arrive toujours en retard
Car sur moi souvent tombe un nouvel avatar
À l’instant où de mon instrument s’envolent les airs
Rejoignant ceux des hôtes joués depuis des millénaires
Aucun d’eux ne me prit pour un révolutionnaire
Je crus même entendre que j’étais leur partenaire