René BENOIT “Parolier”
On devine qu’à regret le jour se retire
Laissant derrière lui un goût d’inachevé
Ignorant la nature qui ne sait plus quoi dire
Tandis que beaucoup d’yeux réclament à se fermer
L’oisillon dernier né est tombé du nid
Trop pressé qu’il était de mettre le bec dehors
Tandis qu’il ignorait qu’au jour succède la nuit
Moment tant désiré pour le repos des corps
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres
Des rôdeurs affamés patientant sous les nids
Se fichant que l’on dise qu’ils ne sont pas apôtres
Que leur seul souci est de rester en vie
En ces lieux où on l’on recommande la prudence
Car tapis dans l’herbe de grands yeux vous surveillent
Ils sont ceux de reptiles qu’on nomme caïmans
De la nuit ils se rient car ils n’ont pas sommeil
C’est l’heure où sur les layons se croisent les hôtes
Ceux qui sortent sont à l’affût de ceux qui rentrent
Demeurant tapis guettant la moindre faute
Non par plaisir mais parce que l’exige le ventre
Comme pour mettre en garde la lune dans les yeux
Soudain de son rayon fait naître des éclats
Évitant aux parents d’être des malheureux
Si leurs petits étaient ravis par le jaguar
Beaucoup plus haut infatigables dans les ramures
Vivent et vont les babounes dit aussi singes rouges
Parlant à haute voix ignorant les murmures
S’effrayant quand sous le vent les rameaux bougent
Lasse la canopée s’est dans la nuit lovée
La sylve dans les ténèbres s’est réfugiée
Les hôtes heureux retrouvent leur intimité
La nature sommeille encore tout essoufflée